Les vieilles tiges de l'aviation belge

In memoriam Raymond Lallemant

  

En guise d’hommage au Colonel Aviateur Raymond « Cheval » Lallemant

Le Colonel Raymond Lallemant, dit « Cheval », nous a quittés le 30 janvier dernier. Né le 23.08.1919, il entra à l’école de pilotage de Wevelghem en 1939. C’est à cette époque que lui échut le surnom de « Cheval », car la pratique d’attribuer sobriquets et surnoms était déjà vivace chez les pilotes belges de l’époque, elle se renforcera au sein de la RAF et cette tradition perdure encore de nos jours…

Raymond Lallemant se vit donc attribuer le surnom «Cheval » à cause de sa « saine » dentition et de son rire qu’il avait déjà franc… En outre, il aimait beaucoup les chevaux et était lui-même fin cavalier. Aviateur et cavalier accomplis, ces éléments sont réunis dans la photographie ci-jointe faite durant la première quinzaine de juillet 1944, donc peu après le débarquement en Normandie, à l’aérodrome avancé (Advanced Landing Ground) B10 de Plumetot proche de la côte normande et toujours, un mois après le jour J, sous le feu ennemi.

« Cheval » Lallemant m’a raconté qu’il y avait de nombreux chevaux errants, suite aux combats féroces qui opposèrent les Alliés à la Wehrmacht dans les premières semaines de l’invasion. Bien que farouches, certains se laissaient approcher et Raymond Lallemant, connaissant bien les chevaux, en amadoua un et parvint à le monter fréquemment au retour de ses nombreuses missions d’appui-feu et de strafing menées sur Typhoon Ib, alors qu’il était Flight Commander au squadron 198, dont le CO n’était autre que le fameux pilote français Paul Ezanno.

Raymond Lallemant possédait une petite reproduction de cette photo prise à l’époque par un correspondant de guerre britannique et il y tenait beaucoup, car elle illustrait ses « raisons d’être »… Malheureusement, il l’avait prêtée à un soi-disant historien de l’aviation qui ne l’a jamais restituée… Il m’en avait parlé un jour et j’avais gardé cela en mémoire, sans plus. Lorsque je préparai un opuscule (avec Mr Kit) en 2001, avec post-face de Raymond Lallemant et publié aux Editions Corlet en 2003 pour être diffusé dans les nombreux musées du débarquement et autres librairies de Normandie, je me suis dit que le document étant volontairement restreint en volume dès sa conception, il lui fallait a priori des documents percutants. C’est pourquoi je décidai d’effectuer quelques recherches complémentaires à la photothèque de l’Imperial War Museum où, en zigzagant entre divers dossiers d’archives en fin de journée, je suis tombé sur cette fameuse photo ! Je l’ai aussitôt commandée afin de la remettre au Colonel Lallemant qui, il va sans dire, était très heureux de reprendre possession de ce précieux souvenir et témoin de sa carrière fertile en événements.

C’est alors qu’il m’a fait remarquer qu’il avait volontiers utilisé cette photo pour illustrer divers de ses écrits, mais qu’il précisait systématiquement à l’éditeur de la cadrer « un peu serré » pour qu’on ne voie pas les blessures à l’encolure du cheval causées par un licou inadapté et la négligence de son propriétaire précédent. Cela faisait inutilement et stupidement souffrir le cheval et bouillir Raymond Lallemant.

Cette anecdote est révélatrice d’une des nombreuses facettes de la personnalité de « Cheval » Lallemant, un homme d’exception mais qui a su demeurer toute sa vie chaleureux, courtois et ouvert aux autres. Nul doute qu’il vivra longtemps encore dans la mémoire de ceux, nombreux, qui l’aimaient et l’admiraient.

Lisez également sa biographie, établie par Philippe Deman